Dans les coulisses du Supreme : le rôle central de l’équipe Recherche et Développement
Comment s'est déroulé le développement du Supreme?
« Le développement du Supreme repose bien évidemment sur l'expérience de l'entreprise accumulée depuis un siècle. Celle-ci se traduit concrètement de deux manières: d'une part la présence de collaborateurs très qualifiés détenant des savoir-faire cruciaux pour le travail de prototypage et dans la réalisation des essais acoustiques, et d'autre part une gamme de saxophones déjà très performants, dont la définition est largement documentée, et qui sert de point de départ au projet.
De plus et d'une façon inédite dans l'histoire de l'entreprise, des travaux de recherche menés ces dix dernières années ont permis de mettre à disposition de nouveaux outils d'aide à la conception acoustique. Ces outils de mesures physiques ont permis de consolider nos connaissances, réduisant le nombre d'essais empiriques et augmentant l'efficacité des essais acoustiques. Ils ont également permis d'explorer de nouveaux champs d'application pour repousser encore les limites du compromis Justesse, Timbre et Émission.
Enfin, l'intégration dès le départ de la conception de musiciens venant d'horizons variés, dans le but d'offrir un instrument le plus universel possible, a apporté une richesse dans les échanges et dans la réflexion ayant mené à la validation du prototype. »
Quels ont été vos interlocuteurs principaux ?
« Le département Recherche et Développement est bien évidemment au service des musiciens. Ceux-ci sont représentés en interne par la voix du chef produit mais également d'une manière directe avec les musiciens du panel d'essayeurs ayant participé aux essais des divers prototypes, ainsi que plus largement à travers les nombreuses relations entretenues par l'entreprise avec le monde de la musique.
Certains membres du service R&D sont également musiciens amateurs, passionnés par l'histoire du saxophone et son organologie. Ils mettent à profit cette double casquette technique et musicale pour créer des passerelles entre les attentes des musiciens et la facture instrumentale. »
Quel a été votre plus gros défi ?
« L'ambition de l'entreprise était clairement établie au démarrage du projet : franchir une marche au niveau acoustique sur la justesse, la souplesse, l'homogénéité et la facilité de jeu, tout en gardant ce qui fait la qualité acoustique de nos saxophones actuels en termes de timbre. Il s'agissait de proposer un instrument innovant ayant une esthétique nouvelle. On pourrait parler d'une quasi quadrature du cercle avec en plus la volonté de créer un instrument universel. L'atteinte de ces objectifs représente clairement un gros défi.
Par ailleurs, la transmission des attentes des musiciens exprimées dans le domaine des émotions vers la définition technique de l'instrument est également un défi psychoacoustique majeur.
La naissance de cet instrument représente l'aboutissement de nombreuses années de travail passionné. Il a été conçu par des saxophonistes pour des saxophonistes. J'espère qu'il sera accueilli et reconnu par nos pairs pour ses nombreuses qualités et perpétuera ainsi la longue tradition d'excellence de la facture instrumentale Henri SELMER Paris. »
Joël Noury est monteur traditionnel au sein du service Recherche et Développement. Il réalise les prototypes de saxophone : fabrication des tubes sonores (brasure des patins, assemblage des sous-ensembles, …) et montage/réglage à blanc des clés sur les tubes. Ces travaux sont effectués dans différents cas de figure: il peut s'agir de diverses améliorations sur la gamme existante, ou bien du développement d'un nouvel instrument. Comment conçoit-on un nouvel instrument ?« Le travail commence très en amont du processus de fabrication, à partir d'un instrument chaudronné sur lequel il faut adapter toute une série d'innovations jusqu'à la livraison d'un instrument complètement fonctionnel. Ces améliorations sont ensuite testées par des musiciens professionnels qui donnent leur avis d'expert pour arriver, après de nombreuses itérations, à créer un nouvel instrument qui va plaire au panel de musiciens. Quand on débute un prototype de saxophone, on ne sait jamais précisément combien de temps va durer cette recherche, il n'est pas rare que nous soyons obligés de revoir nos plans en cours de route afin d'obtenir la validation des musiciens.C'est donc un travail long et précis qui réclame beaucoup d'attention, de patience et de savoir-faire. La communication au sein du service et avec les musiciens est centrale pour la réussite du projet. » Quelles ont été les spécificités du projet Supreme ?« Dans le cadre du projet de l'alto Supreme, les musiciens viennent de différents horizons musicaux, cela a constitué un vrai défi d'obtenir leur consensus. La difficulté est d'autant plus grande que les musiciens ont des exigences de plus en plus pointues, mais c'est également ce qui rend mon travail intéressant. Je tire une grande satisfaction d'avoir touché au but, c'est-à-dire d'avoir réussi à proposer aux musiciens un saxophone au son remarquable qui satisfasse pleinement leurs attentes. Ce saxophone est le fruit de nombreuses années de travail pour moi et mes collègues. » |
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