Sophie Alour
Née en 1974, Sophie Alour a appris le saxophone en autodidacte, après avoir étudié la clarinette à l'école de musique de Quimper. C'est sur scène, in vivo, qu'elle fait l'apprentissage du jazz et très vite, en 2000, elle est engagée dans le big band Le Vintage Orchestra, qui réunit la fine fleur de sa génération. Elle crée dans la même année un sextet avec Stéphane Belmondo et intègre dans le même élan le big band de Christophe Dal Sasso qui enregistre l'album Ouverture (Nocturne).
Une nouvelle étape est franchie quand Rhoda Scott l'engage en 2004 pour former son quartet. La même année elle joue dans le big band de Wynton Marsalis et participe au projet d'Aldo Romano. En 2005, elle enregistre son premier album Insulaire (Nocturne), salué par la critique. Elle est invitée à participer à plusieurs enregistrements et on la retrouve aussi bien sur les disques d'Alexandre Saada, Be where you are ou Panic circus que sur l'album du Lady quartet de Rhoda Scott.
En tant que leader, elle réalise son deuxième album en 2007 Uncaged (Nocturne), qui réunit Laurent Coq au fender rhodes, Yoni Zelnik à la contrebasse et Karl Jannuska à la batterie et pour lequel elle a débauché le guitariste Sébastien Martel de la scène rock. Le public est aussi enthousiaste que la critique (disque d'émoi Jazzmag, Choc Jazzman et ffff Télérama) et elle obtient le Django d'or 2007 du Jeune Talent. Pendant 2 ans, elle donne des dizaines de concerts avec cette formation, en France comme à l'étranger (Afrique de l'est et Amérique centrale), réexplore son répertoire, le déconstruit, en cherche les limites, pour revenir ressourcée vers le Jazz et un nouvel album, cette fois en trio, Opus 3 (Plus loin music, 2010) (Choc Jazzman, ffff Télérama et le So Jazz).
En 2011, elle participe aux côtés de musiciens prestigieux tels que David El-Malek, Pierre de Bethmann ou Frank Agulhon à l'enregistrement du nouvel album de Christophe Dal Sasso, Prétextes pour le label Bflat. En juin, elle participe au disque de Rhoda Scott enregistré en live sur la grande scène du festival de Vienne.
En 2012, Sophie Alour signe chez le label naïve et enregistre son quatrième disque en quintet, La géographie des rêves. Album au titre onirique, à l'instrumentation originale et inédite dans son parcours (Stéphan Caracci au vibraphone, Yoann Loustalot à la trompette et au bugle, Sophie Alour à la clarinette basse, clarinette et ténor, Nicolas Moreaux à la batterie et Frédéric Pasqua à la batterie), dans lequel elle poursuit sa tentative de se libérer d'elle-même et des conventions du genre et cherche plus que jamais à exprimer une musique affranchie du formatage imposé par une société consumériste. Elle dit volontiers que La géographie des rêves est un manifeste ! Il recevra lui aussi un accueil chaleureux et enthousiaste et d'aucuns salueront la compositrice et arrangeuse pour cet album.
En 2014 sort Shaker, son cinquième album, toujours chez naïve. L'amusement, la jubilation, le plaisir de se travestir, de se déguiser ont présidé à la naissance de ce disque. Elle y rassemble des compositions originales d'époques différentes de sa vie autour de ce son si particulier du trio sax, orgue (Frédéric Nardin), batterie (Frédéric Pasqua). Les unes comme Shaker ou Joke ont été écrites pour Rhoda Scott, ils sont un clin d'oeil aux années 60, années charnières pour les débuts du funk (Jimmy Smith, lonnie Smith...). D'autres, au contraire, sont d'une facture plus rock, elles ont été conçues pour une instrumentation différente, trio basse, batterie, sax ou quartet avec piano et se retrouvent détournées, magnifiées par cette nouvelle orchestration et notamment par l'orgue, couleur débordante, volontiers criarde, aux allures de dandy moderne. Ce disque mené tambour battant, se révèle plein de gaieté, d'autodérision et de références aux grandes épopées du jazz.
En 2015 on retrouve Sophie Alour notamment aux côtés de Joe Lovano, Ambrose Akimusire ou encore Bireli Lagrene pour deux concerts à la Philharmonie de Paris et au Luxembourg, réunis par Eric Legnini dans un All Stars en référence à Norman Granz. Et on la retrouve aussi dans le spectacle de François Morel, La vie, titre provisoire, pour une parenthèse haute en couleurs, puisqu'elle y joue non seulement des saxophones et flûte, mais aussi du vibraphone et des claviers. En 2016 elle participe à l'enregistrement du disque issu dudit spectacle pour le label Sony. Elle participe également à l'aventure d'Alex Saada, qui réunit 35 musiciens au studio Ferber pour 4 heures d'improvisation et qui donnera naissance au disque We fee. On la retrouve enfin sur le deuxième disque de Rhoda Scott, live au Sunset, aux côtés de Julie Saury et de Lisa Cat-Berro avec en invités Géraldine Laurent, Anne Pacéo et Julien Alour. Le disque reçoit un accueil chaleureux.
En 2018 sort son sixième album, Time For Love, qui réunit Stéphane Belmondo, Glenn Ferris, David El Malek, André Ceccarelli, Alain Jean-Marie, Sylvain Romano, Rhoda Scott, Laurent Coq et le quintet classique Allegria autour de standards et de mélodies intemporelles, chantées notamment par Ella Fitzgerald, Billie Holiday ou Shirley Horn. Sophie Alour est nommée dans la catégorie "Artiste de l'année" pour ce disque et est élue "génération Spedidam". La même année elle est invitée à faire partie du quartet de Leon Parker aux côtés du bassiste Or Bareket et de Frédéric Nardin au piano.
Elle joue un saxophone ténor Mark VI et un saxophone soprano Super Action 80 Série II.
Crédit photo : Sylvain Gripoix