Jowee Omicil
Fils d'émigrants haïtiens, Jowee Omicil a grandi à Montréal. Il commence à jouer du saxophone dans l'église où son père était pasteur, avant d'étudier au Berklee College of Music de Boston, puis de partir à New York pour lancer sa carrière musicale - et, parfois, de conférer avec Ornette Coleman ou d'accompagner Roy Hargrove au sein du groupe RH Factor. Il a ensuite vécu en Haïti et au Panama et s'est installé à Paris il y a quelques années après avoir signé avec le label Jazz Village. Bien que "installé" ne soit peut-être pas le meilleur terme pour le décrire. Retrouver les traces de Jowee Omicil avec précision aurait nécessité un service de navigation par satellite.
En tout cas, tout cela - il y a trente ans, dix ans, un mois ou deux heures - est de l'histoire ancienne. Ce qui compte, c'est que l'amour compte ! L'ici et maintenant, l'épiphanie, la magie d'un moment partagé, la sueur et la béatitude d'un travail bien fait. Les quinze titres de Love Matters! sont issus des mêmes sessions d'enregistrement que Let's BasH! l'album qui a fait connaître Jowee Omicil en France l'année dernière. Il a été enregistré la dernière semaine d'octobre 2015 au studio de La Buissonne, près d'Avignon, souvent au moment où la pleine lune se levait et où les gens allaient se coucher. Les musiciens étaient tous dans la même pièce, en cercle. Certains venaient des Caraïbes, d'autres d'Europe (Serbie), d'autres encore d'Afrique ou du Canada. Chacun apportait quelque chose à la musique, qui finissait par les surpasser tous. Jowee Omicil voltige entre les instruments (saxophones, clarinette, cornet, flûte, piano Rhodes) et propose des compositions sur lesquelles les musiciens improvisent ensuite. C'est l'essence-même du jazz, du jazz moderne : une musique joyeuse et généreuse dont la longue histoire n'entrave jamais le progrès ou le développement. C'est ainsi que Jowee Omicil voit les choses, et c'est ainsi qu'il les joue aussi. C'est aussi la façon dont les publics qui l'ont vu sur scène en 2017 ont vécu les choses, que ce soit en France, en Afrique, au Canada ou dans les Caraïbes, dans de petites salles ou dans de grands festivals.
En 2017, Jowee a joué avec Tony Allen et le BCUC et il ne l'oubliera jamais. Il a joué en privé dans le petit appartement new-yorkais de son ami et batteur cubain Francisco Mela, et il ne s'en est toujours pas remis. Il a apporté au public des surprises, de la fraîcheur et de la plénitude. Une "recharge" d'énergie positive, un peu comme à l'église, où tout a commencé pour lui, et où Love Matters! s'achève. Sur ce disque, comme sur la scène, l'effusif Jowee est un "amuseur" fou de mélodies, de groove et de musique pop, et aucune étiquette appliquée pour le définir ne lui collera jamais à la peau.
Crédit photo : Henri SELMER Paris
Je ne suis pas compliqué, j'essaie juste d'écrire ma propre définition de la musique, ma musique n'est pas facile à jouer, mais facile à écouter.